Toutes ces petites erreurs de langage
Un des plus...
Un des meilleur journal
Dans le groupe un des, un est un pronom, non un déterminant. Il ne commande donc pas l’accord du nom qui suit. Un des signifie « un parmi les » : le nom ainsi déterminé se met au pluriel. On dira et on écrira donc C’est un des meilleurs journaux et non C’est un des meilleurs journal.
on écrit / on dit |
on n’écrit pas / on ne dit pas |
Le cobra est un des plus redoutables serpents |
Le cobra est un des plus redoutable serpent |
C’est un des plus beaux chevaux que j’aie jamais vus |
C’est un des plus beau cheval que j’aie jamais vus |
Avéré
Cette nouvelle s’est avérée fausse
Le 03 novembre 2016
Cette nouvelle s’est avérée fausse
Le verbe avérer signifie « reconnaître ou faire reconnaître pour vrai ». On dira ainsi, par exemple : Les faits sont avérés. Il signifie aussi « se révéler en réalité », et l’on dira alors : Il s’avéra un excellent médecin, l’enquête s’est avérée difficile. Mais on se gardera bien d’employer la forme, trop souvent entendue et qui constitue un non-sens : La nouvelle s’est avérée fausse. De la même manière, on évitera l’inutile redondance d’une forme comme Cette histoire s’est avérée vraie.
" de par"
Extensions de sens abusives
La locution prépositive de par a encore son sens premier « de la part de », « au nom de », dans des formules figées comme de par le roi, de par la loi, de par la Constitution, de par la justice. Mais, en dehors de ces cas et de la forme de par le monde, il est préférable de ne pas employer cette locution en lieu et place de formes comme par, du fait de, grâce à, étant donné, etc.
On dit |
On ne dit pas |
Il a réussi par son seul talent Du fait de son expérience, il est le mieux placé pour réussir |
Il a réussi de par son seul talent De par son expérience, il est le mieux placé pour réussir |
Y’ a-t’il ?
Emplois fautifs
En français l’apostrophe note l’élision d’une voyelle placée en fin de mot devant un autre mot commençant également par une voyelle ou par un h muet. Cette élision permet d’éviter un hiatus. On dit, et on écrit ainsi : J’aime, l’arbre, l’avoine, il t’attend, la femme d’Hector et non * je aime, le arbre, la avoine, il te attend, la femme de Hector. Ce sont les seuls cas où l’on utilise ce signe. On n’écrit donc pas y’a-t’il ?, parce que ni le y ni le t ne sont des formes résultant d’une élision : le t n’est pas la forme élidée du pronom te, mais une lettre euphonique que l’on emploie pour éviter un hiatus disgracieux. On se gardera bien, en revanche, d’omettre les traits d’union qui signalent que les différents éléments de ce groupe forment une unité sonore et l’on écrira y a-t-il ?
En face le, en face la
En face l’église, en face la mairie
Dans la langue classique, près s’employait parfois pour près de : habiter près le palais-Royal. Cet emploi s’est maintenu dans le vocabulaire diplomatique et juridique : il est ambassadeur de France près le Saint-Siège, avocat près la cour de Cassation. En dehors de ces cas, on doit employer près de. Il en va de même pour les formes en face le, en face la, qui relèvent d’un emploi régional ou se rencontrent quand un auteur veut donner un caractère très populaire à ses propos. Ainsi, dans Splendeurs et misères des courtisanes, Asie, une entremetteuse qui est aussi la tante de Vautrin, s’adresse au baron de Nucingen en ces termes : « Mon gros père, tu viendras ce soir avec ta voiture, par exemple, en face le gymnase. » Mais dans l’usage courant, c’est bien sûr en face du et en face de la que l’on doit employer.
on dit |
on ne dit pas |
Sa maison est en face du cinéma Il l’attendait en face de la fontaine |
Sa maison est en face le cinéma Il l’attendait en face la fontaine |
Chaque
Chaque dix minutes
Le 04 mai 2017
Chaque est un adjectif indéfini singulier. Il a une valeur distributive et ne doit s’employer qu’avec des noms singuliers, quand bien même il est sémantiquement proche de formes comme tout ou tous les : Chaque homme veut être heureux, tout homme veut être heureux, tous les hommes veulent être heureux. On ne dit donc pas chaque dix minutes, mais toutes les dix minutes.
on dit |
on ne dit pas |
Toutes les deux heures passe un train Tous les cent mètres, il y a un guetteur |
Chaque deux heures passe un train Chaque cent mètres, il y a un guetteur |
Si il
Emplois fautifs
Le i de la conjonction si s’élide devant les pronoms il et ils. Le fait est ancien et on lisait déjà, dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, « Si, devant le pronom il, perd son i, mais il ne le perd devant aucun autre mot, par quelque voyelle qu’il commence, quand mesme ce serait par un i ». Cette règle n’était pas en vigueur au Moyen Âge et on lit ainsi dans Composition de la saincte escriptur : « …sa repentance ne plaist mie a nostre Segneur si il ne s’en confesse… » On lit également se (forme ancienne de si) il à de nombreuses reprises dans La Chanson de Roland. Aujourd’hui la forme si il subsiste dans des textes reproduisant le parler populaire, aussi ne s’étonnera-t-on pas de la trouver fréquemment chez Céline, ainsi dans Mort à crédit : Ils ont inspecté les placards… si ils voyaient pas du fricot. Mais en dehors de ces emplois stylistiques, la règle énoncée en 1694 est toujours en vigueur et dire, et plus encore écrire, si il est une faute qu’il convient d’éviter.
On dit |
On ne dit pas |
Ils passeront s’ils ont le temps S’il continue à pleuvoir les récoltes seront perdues |
Ils passeront si ils ont le temps Si il continue à pleuvoir les récoltes seront perdues |
Les pléonasmes courants
Les pléonasmes peuvent être des tours stylistiques employés pour donner plus de force à un propos. Ainsi Je l’ai vu de mes yeux ou je l’ai entendu de mes propres oreilles sont des pléonasmes admis et fort usités. Mais dans la majorité des cas, ils sont plus une marque d’inattention de qui parle ou écrit et alourdissent un propos plus qu’ils ne le renforcent. Ils témoignent aussi d’un certain manque de confiance, probablement inconscient, envers les mots de notre langue, et d’un doute dans leur capacité expressive. Mais user de pléonasmes pour lutter contre cette faiblesse supposée est une solution bien pire que le mal que l’on veut combattre, puisque c’est parce que l’on ajoute à certains mots d’autres qui ne sont pas nécessaires que tous s’appauvrissent
Réunir ensemble
alors que réunir seul suffirait.
Au jour d'aujourd'hui
"Aujourd'hui" est lui-même un pléonasme. "hui" signifiant "en ce jour", "au jour d'aujourd'hui" signifie donc "au jour du jour de ce jour".
Prévoir avant
Repousser à une date ultérieure...
Parce que je me disais qu'on pouvait le repousser à maintenant
Les solécismes
Un solécisme est une erreur de langage qui enfreint les règles de la syntaxe (la forme existe), non celles de la morphologie (c'est alors un barbarisme : la forme n'existe pas). Le mot, issu du latin soloecismus, dérive du nom de la ville ancienne de Soles, en Asie Mineure, parce que, dans l'Antiquité, ses habitants étaient connus pour estropier la langue grecque.
- « Se rappeler de quelque chose », pour « se rappeler quelque chose » (le verbe « se rappeler » est transitif direct).
- « Après que » suivi du subjonctif là où l'indicatif, mode du réel, s'impose, puisque sont exprimés des faits déjà réalisés dans la temporalité du verbe principal : solécisme très répandu par attraction de la construction syntaxique de « avant que », locution qui, elle, demande le subjonctif, mode de l'irréel, les faits étant encore non réalisés.
- L'emploi du conditionnel présent ou passé au lieu de l'indicatif imparfait ou plus-que-parfait dans une proposition conditionnelle introduite par si : « Si je serais riche, je serais heureux » au lieu de « Si j'étais riche »
- " malgré que"
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